Plantes médicinales dans votre gazon
Déjà le premier jour de l’été, la nature est fraîchement réveillée. Certaines plantes médicinales poussent déjà dans votre gazon et sont prêtes à être récoltées. Chaque année, je suis émerveillée et rassurée de voir toutes ces richesses reverdir sous mes pieds…
Aujourd’hui, je vous parle des plantes médicinales de gazon, aussi appelées « plantes à pelouse », comme les nomme Caroline Gagnon, l’une de mes professeures. On les retrouve entre deux fissures de trottoir ou dans une prairie, et ce, presque partout sur la planète. Souvent oubliées parce que communes, elles méritent d’être revalorisées parce que riches en propriétés curatives.
Feuilles de plantain – Plantago major ou P. lanceolata
On retrouve cette petite plante typiquement dans les gazons. Les peuples des Premières Nations l’ont nommée « pied de l’homme blanc ».
En effet, on doit l’arrivée de cette plante en Amérique aux colons, qui l’ont apportée avec eux en provenance d’Europe. Partout où ils passaient, le plantain commençait à pousser.
On reconnaît le plantain par ses feuilles basilaires, c’est-à-dire situées à la base de la plante ou en rosette. Le plantain possède aussi des nervures prononcées parallèles, surtout visibles au dos de la feuille. Également, quand on tire sur une feuille, la tige se déchire en laissant des petits fils, comme dans une branche de céleri. Toutefois, ne vous fiez jamais à la taille des feuilles pour identifier une plante. Si la plante pousse dans une pelouse fréquemment tondue, les feuilles resteront petites (2 à 5 cm). Par contre, si un individu de la même espèce se développe dans un champ ou près de fumier, les feuilles peuvent devenir beaucoup plus grandes (10 à 30 cm).
Consommation et effets
L’un des usages externes les plus connus du plantain consiste en l’application de cataplasmes de feuilles fraichement mâchées. Activé par la salive, on l’applique sur une piqure d’insecte pour aider à en retirer le venin. On diminue également les démangeaisons, la douleur et l’enflure grâce à ses actions extirpantes et astringentes. On applique aussi ce cataplasme sur une plaie pour diminuer les saignements, l’inflammation et accélérer l’amélioration.
Ces actions peuvent aussi être obtenues en faisant macérer des feuilles fraiches de plantain dans une huile végétale de qualité pendant plusieurs semaines. On utilise ensuite cette huile infusée pour fabriquer un onguent, une crème ou simplement appliquée directement sur la peau. Ainsi, on utilise le côté astringent et cicatrisant du plantain à l’année et de façon plus pratique, comme sur des hémorroïdes où il excelle à les faire diminuer.
En interne, on consomme ces feuilles sous forme d’infusion (à raison de 2 à 5 g de plante sèche par jour), de teinture, de glycéré ou de vinaigre. Elles auront ainsi la même action astringente sur les muqueuses digestives et respiratoire. On peut également utiliser les feuilles de plantain pour diminuer la douleur, la toux ainsi que l’irritation due à de l’inflammation causée par des infections virales ou bactériennes dans les voies respiratoires. Dans ces cas spécifiques, les feuilles de plantain sont plus utiles prises trois à six fois par jour pendant quelques jours. Ses propriétés pourront également aider la muqueuse digestive en diminuant l’inflammation qui cause des douleurs, crampes, diarrhées, gaz et ballonnements.
On utilise aussi cette plante comme soutien aux maladies chroniques du système digestif. On retrouve également le plantain dans les décoctions visant à détoxifier l’organisme. Toutefois, dans ces cas, elle est prise sur une plus longue période.
Feuilles ou racines de pissenlit – Taraxacum officinale
C’est une de mes plantes médicinales préférées par la richesse de ses actions, mais surtout pour sa disponibilité dans le gazon. En effet, qui n’a jamais eu de pissenlit dans sa pelouse, ou dans son trottoir? De cette plante médicinale, toutes les parties peuvent être utilisées : feuilles, fleurs, latex et racines. Aujourd’hui, je m’attarde plus spécifiquement aux feuilles et aux racines.
Consommation et effets
On intègre aisément les feuilles, récoltées au printemps et au début de l’été, dans l’alimentation. Si consommée en début de repas, leur gout amer améliore toute la digestion et l’assimilation des nutriments. Les pissenlits stimulent également la sécrétion des sucs digestifs, en activant le péristaltisme, en diminuant la formation de gaz et en aidant à la réparation de la muqueuse de tout le tractus digestif. Ses feuilles peuvent aussi être prises en infusion, teinture, glycéré ou vinaigre pour les propriétés liées au gout amer, mais aussi pour leur action diurétique. Par exemple, on peut les insérer dans un mélange pour soulager les symptômes liés à l’hypertension ou l’arthrite.
Les racines récoltées à l’automne sont aussi très efficaces pour soutenir le foie. En soutenant les deux phases de détoxification du foie, elles procurent ainsi une action équilibrée et profonde. Plusieurs recherches s’attardent également aux effets bénéfiques des racines de pissenlit sur le traitement du cancer[i]. On les prend en décoction (à raison de 2 à 5 g de plante sèche par jour), en teinture ou en vinaigre. Les racines de pissenlit vont également aider à favoriser l’élimination des déchets, diminuer la constipation, les gaz et le ballonnement. Elles aident aussi les problèmes de peau comme l’acné, le psoriasis ou l’exéma, les douleurs menstruelles, le syndrome prémenstruel, les kystes aux ovaires ou aux seins et j’en passe.
Qui aurait cru qu’une plante si commune serait si utile? Dire que des générations se sont acharnées à les enlever de leur terrain. Vos voisins vous remercieront de récolter leurs pissenlits pour votre usage!
Sommités fleuries de lierre terrestre – Glechoma hederacea
Très commune dans nos gazons et ruelles, le lierre terrestre est une petite plante rampante de la famille les lamiacées. On le reconnaît grâce à son odeur caractéristique quand il est tondu ou que l’on écrase ses feuilles. Également, ses feuilles opposées sont dentelées et arrondies. Sa petite fleur mauve, typique de la famille des menthes, ressemble à une bouche ouverte. Pendant la floraison, on récolte toute la partie aérienne de cette plante. On la reconnaît aussi pour ses propriétés astringente et tonique des muqueuses du système respiratoire supérieur chez les enfants et les adultes.
Comment consommer le lierre terrestre?
Lorsqu’il est pris en infusion (à raison de 2 à 8 g de plante sèche par jour), en teinture, en glycéré ou en vinaigre, le lierre terrestre diminue l’inflammation du système respiratoire supérieur (nez, gorge, oreilles). Toutefois, pendant une maladie aigüe (amygdalite, laryngite, otite, rhume, grippe, etc.), il est important d’en prendre toutes les deux heures jusqu’à amélioration des symptômes. Même s’il est légèrement antibactérien, il vaut mieux le combiner à des plantes plus actives contre les bactéries (Usnea barbata, Hydrastis canadensis, etc.) en cas d’infection déclarée. Pour un problème chronique (rhinite allergique, sinusite chronique ou otite à répétition), le prendre deux à trois fois par jour pendant plusieurs semaines ou mois.
Des plantes médicinales accessibles à tous
Ces trois plantes médicinales poussent en quantité abondante dans votre gazon et sont ainsi accessibles à tous. Il suffit de se pencher pour les reconnaitre et les récolter. Une fois séchées et transformées, elles servent à toute la famille pour aider à la digestion, l’inflammation du système respiratoire et bien plus!
Je vous invite ainsi à apprendre à les connaitre cet été et plonger dans le merveilleux monde des plantes médicinales…
Pour en apprendre plus sur le sujet, j’ai écrit un livre sur les plantes médicinales. J’offre également plusieurs formations à Rimouski, au Témiscouata et à Bromont. Au plaisir de vous y croiser!
[i] Sigstedt. SC et al., Evaluation of aqueous extracts of Taraxacum officinale on growth and invasion of breast and prostate cancer cells, Int J Oncol. 2008 May;32(5):1085-90.